Les catégories d’armes blanches

Qu’est-ce qu’une arme blanche ? 

Dans l’acception historique et technique, une arme blanche est une arme de contact, sans propulsion par poudre ni mécanisme de tir. Elle frappe, tranche, perce ou lacère par la seule force de l’utilisateur et la géométrie de la pièce : lames (épées, dagues, couteaux, sabres), armes d’hast (lances, hallebardes, vouges, guisarmes, pollaxes), armes de choc ou contondantes (masses, marteaux de guerre, becs de corbin, fléaux), armes de coupe (haches, francisques, bardiches) et armes de lancer (javelots, couteaux de jet). Les arcs et arbalètes relèvent des armes de trait, pas des armes blanches. 

Cette page présente les grandes familles, leur évolution et leurs usages, afin d’orienter le lecteur selon son projet : collection fidèle, reconstitution, pratique martiale (HEMA, arts traditionnels), ou pièce d’apparat/décoration. 

Panorama des grandes familles

Épées & sabres

Lames droites ou courbes, à un ou deux tranchants, destinées à la taille, l’estoc ou la combinaison des deux. Leur variété est immense, allant des épées vikings robustes aux sabres élégants des cavaleries orientales.

Haches

De la francisque de jet aux haches longues de champ de bataille, incluant variantes vikings et bardiches. Outils devenus armes, elles incarnent à la fois brutalité et polyvalence.

Armes contondantes

Masses d’armes, marteaux de guerre, morning stars, becs de corbin ; conçues pour plier, écraser ou percer l’armure. Redoutées pour leur impact, elles neutralisaient même les combattants lourdement protégés

Armes d’hast

Lances et piques, hallebardes, vouges, guisarmes, pollaxes, corseques ; compromis entre portée, coupe et estoc. Elles dominaient les batailles rangées grâce à leur allonge.

Dagues & couteaux

Rondel, miséricorde, seax/ scramasax, poignards de chasse, couteaux utilitaires et de survie. Toujours portés à la ceinture, ils représentaient l’arme de dernier recours.

Armes de lancer

Javelots, couteaux/ haches de jet (dont la francisque). Leur efficacité reposait sur l’équilibre et la rotation en vol.

Culture & légende

Répliques historiques, armes mythiques (Durendal, Joyeuse, Excalibur), inspirations films/jeux pour collection et décor. Elles nourrissent autant l’imaginaire que la pratique.

Les épées : naissance, métamorphoses et usages 

Quand apparaissent les épées ? 

• Âge du Bronze (env. 1600–800 av. J.-C.)

Les premières “épées” sont souvent des poignards allongés en bronze. Leur longueur restait limitée par la malléabilité du métal, mais elles marquaient déjà une distinction sociale forte. Certaines étaient déposées dans des tombes, signe de prestige.

• Âge du Fer (dès env. VIIIe s. av. J.-C.

Le fer puis l’acier permettent des lames plus longues et résistantes ; l’épée devient un outil de bataille fiable. La trempe donne aux lames une élasticité inédite, évitant la casse.

• Antiquité

Le gladius (court, percutant) équipe l’infanterie romaine ; la spatha (plus longue) se diffuse par la cavalerie et les peuples germaniques, annonçant des morphologies médiévales. Ces armes structurent toute la tactique militaire de Rome.

• Haut Moyen Âge

Épées dites “viking” : lames larges, gorge (gouttière) centrale, monture simple, double tranchant. Certaines lames d’exception, comme les Ulfberht, surpassaient techniquement leur époque.

• Moyen Âge central

L’épée cruciforme du chevalier (une main, double tranchant) s’équilibre entre taille et estoc. Le pommeau et la garde deviennent plus travaillés, parfois ornés de croix ou de blasons.

• Bas Moyen Âge

Montée en puissance des épées longues (longswords) à deux mains et des bâtardes (main-et-demi). En parallèle, les grandes épées (Zweihänder, claymores) impressionnent en champ de bataille ; les lansquenets allemands en font un usage spectaculaire pour briser les rangs.

• Renaissance

Spécialisation vers l’estoc avec la rapière, puis raffinement des gardes (coquilles, corbeilles). Ces armes s’imposent dans les duels civils, où la technique prime sur la force.

Typologie et morphologie

  • Fonction

    • Taille (lame large, section lenticulaire, tranchant mis en valeur), capable de produire de profondes entailles. 

    • Estoc (pointe fine, section losangée/hexagonale, rigidité), redoutable pour percer les armures. 

    • Mixte (profil combiné, pan creux/gouttière pour alléger), offrant une polyvalence rare. 

  • Longueur & maniement

    • Une main (arming sword), arme du quotidien chevaleresque. 

    • Main-et-demi (bâtarde), adaptée aux duels comme aux batailles. 

    • Deux mains (longsword, claymore, Zweihänder), plus lourdes mais dévastatrices. 

  • Géométrie de lame

    • Gouttières (fullers) pour alléger et gérer la flexion. 

    • Pointes différenciées selon les cibles (pointes larges pour tissus et cuir, pointes fines pour acier). 

    • Sections adaptées à l’usage : lenticulaires pour couper, losangées pour estoc. 

Familles notables

  • Épées vikings

    Larges, solides, conçues pour les combats en mêlée ; elles représentaient autant une arme qu’un signe de pouvoir.

  • Épées médiévales

    Équilibrée, polyvalente, efficace contre des adversaires peu protégés.

  • Longues épées / bâtardes

    Idéales pour l’escrime médiévale, permettant le maniement en demi-épée.

  • Épées à 2 mains / Claymores

    Massives, elles servaient à ouvrir les rangs ennemis et inspiraient une véritable crainte.

  • Rapières

    Arme du duel, fine et élégante, adaptée à la noblesse citadine

  • Sabres & cimeterres

    Lames courbes optimisées pour la coupe rapide en mouvement, notamment à cheval.

  • Lames asiatiques

    Katana/ wakizashi/ tanto, dao, jian : chaque culture asiatique développe une tradition propre, où la forge dépasse la simple utilité pour devenir art.

  • Pommeau

    Contrepoids, mais aussi support décoratif, parfois incrusté de symboles religieux.

  • Garde/ quillons

    D’abord simples, puis enrichis de coquilles et corbeilles pour protéger la main lors des duels.

  • Fusée/poignée

    Gainée de cuir ou de fil, adaptée à la morphologie du combattant.

  • Assemblage

    Rivetage ou soie traversante, gage de solidité.

  • Finition

    Polissage, émouture précise, choix du fil ; chaque détail influe sur la performance.

Les haches : de l’outil à l’arme

La hache est une arme double : outil de travail et instrument de guerre.

  • Haches danoises

    Longue hampe et tête fine ; arme d’infanterie emblématique des guerriers nordiques, capable de faucher un cavalier.

  • Haches vikings

    Compactes ou barbus, elles permettaient de contrôler un bouclier ou d’agripper l’arme adverse.

  • Francisques

    Arme de jet précise, utilisée en salves pour briser l’élan ennemi. Son équilibre est étudié pour tourner et frapper avec puissance.

  • Bardiches

    Énorme lame fixée sur une longue hampe, courante en Europe de l’Est ; elle combinait puissance de hache et portée d’une lance.

  • Haches damassées

    Recherchées pour leurs qualités esthétiques, mais aussi pour leur solidité exceptionnelle.

Les armes contondantes : la réponse à l’armure

la réponse à l’armure

  • Masses d’armes

    Tête nervurée, concentrant l’énergie pour plier le métal. Simple à manier, mais d’une brutalité implacable.

  • Marteaux de guerre

    Une panne plate et un bec acéré ; utilisé pour écraser ou perforer selon la cible.

  • Becs de corbin

    Pointe recourbée capable d’atteindre les interstices d’une armure.

  • Étoiles du matin

    Boule hérissée de pointes, souvent utilisée pour briser les lignes compactes.

  • Fléaux

    Muni d’une chaîne, il permettait de contourner les boucliers et d’atteindre l’adversaire malgré sa garde.

Les armes d’hast

portée, polyvalence, contrôle d’espace

  • Lances / piques

    Arme universelle, efficace aussi bien pour la chasse que pour la guerre en formation.

  • Hallebardes

    Pointe, hache et crochet réunis en une arme polyvalente. Elle devient l’emblème des gardes suisses et reste un symbole de discipline militaire.

  • Vouges, guisarmes, bills

    Outils agricoles transformés en armes de guerre, très répandus chez les milices.

  • Pollaxes

    Conçue pour le combat en armure, documentée dans les traités chevaleresques, combinant marteau, hache et dague de hampe.

  • Corseques

    Lame à trois pointes, idéale pour contrôler, accrocher et désarmer.

Dagues & couteaux

le dernier recours… et le plus proche

  • Rondels

    Arme d’estoc efficace, souvent utilisée dans les duels rapprochés en armure.

  • Miséricordes

    Fine et acérée, elle servait à donner le coup de grâce aux combattants terrassés.

  • Seax/ scramasax

    Couteau germanique et anglo-saxon, arme de culture autant qu’outil.

  • Poignards de chasse et couteaux utilitaires

    Indispensables au quotidien comme en combat.

  • Couteaux damassés

    Alliance de beauté et de solidité, motifs ondulés uniques.

Armes de lancer

inertie, équilibre et trajectoire

  • Javelots

    Utilisés depuis la préhistoire, capables de percer boucliers et cuirasses légères.

  • Couteaux de jet

    Équilibrés pour une rotation parfaite et une pénétration efficace.

  • Haches de jet

    Francisque et autres variantes, capables de déstabiliser une ligne ennemie avant l’assaut.

Culture, légende et répliques

Certaines armes blanches ont quitté le champ de bataille pour entrer dans la mémoire collective. Durendal, l’épée de Roland, aurait contenu des reliques sacrées et symbolise la vaillance chevaleresque. Joyeuse, arme attribuée à Charlemagne, fut utilisée pendant des siècles dans les sacres royaux français. Excalibur, dans la légende arthurienne, n’est pas seulement une épée : elle incarne le droit divin et la légitimité du roi. Dans d’autres traditions, le sabre japonais Kusanagi est lié à la mythologie shintoïste, tandis que Gram, dans les sagas nordiques, est l’épée qui terrasse le dragon Fáfnir. 

Ces armes mythiques ont nourri autant l’histoire que la littérature et la fantasy moderne. Aujourd’hui, elles inspirent encore des répliques recherchées, qu’il s’agisse de pièces historiques fidèles ou d’armes issues de films et de jeux vidéo. Pour aller plus loin dans cet univers fascinant, découvrez notre page consacrée aux Armes mythiques et légendaires, où nous explorons en détail ces lames entrées dans la légende.